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mes mémoires

III. Les réactions nécessaires

1oRéponse à deux objections :

Une survivance française Est-elle une chimère ?
Est-elle pratique ?

2oConditions de succès : une mystique nationale.

Cette mystique, qui va l’organiser dans l’esprit de notre peuple ? L’école, les classes dirigeantes (politiques, économistes, intellectuels).

Tâche surtout de la jeunesse.

Je puis l’écrire sans forfanterie : l’effet de cette causerie fut profond, non seulement sur mon auditoire du Château Frontenac, mais sur toute la ville de Québec qui put m’écouter à la radio. Noël Dorion m’écrivait quelques jours plus tard :

Nous avons l’intention de mettre en brochure cette magistrale conférence qui fit un si grand bien dans un milieu qui en avait tant besoin. Vous ne sauriez croire l’immense service que vous avez rendu à la cause qui vous est chère et pour laquelle vous vous dépensez depuis si longtemps. Vous avez déraciné les plus solides préjugés.

Ainsi que me l’avait annoncé le président du Jeune Barreau, je me vis entouré, à la table d’honneur, de douze graves magistrats, six à ma droite, six à ma gauche. Pour mettre l’auditoire de bonne humeur, Noël Dorion m’a présenté avec beaucoup d’humour. Il a raconté quelques petites scènes de sa vie de collège au Séminaire de Québec, à l’époque où, hélas, j’inquiétais plus qu’il ne faut quelques maîtres de la jeunesse. Avant d’autoriser l’installation d’un buste de Dollard dans l’une des classes du Séminaire, le Conseil de l’institution n’en avait-il pas gravement délibéré toute une soirée pour conclure par un refus ?[NdÉ 1]

Pour rester dans la note, j’avais répondu avec le même humour à Dorion, y joignant, dans cette ville de politiciens, un grain de persiflage point du tout déplaisant à la jeunesse :
  1. Voir Mes Mémoires, II : 54-55.