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sixième volume 1931-1939

possible, sans rien qui puisse indisposer l’esprit le plus chatouilleux. Mon plan est tout simple :

I. Nos droits

1oLe dilemme posé aux ancêtres par la Conquête anglaise : être ou ne pas être.

2oOption choisie : être. Option qui aboutit à l’Acte de Québec (1774) ; à la Constitution de 1791 : reconnaissance du droit de vivre par la plus haute autorité de l’Empire britannique.

3oUn seul recul de cette politique : l’Union des Canadas (1841). Recul effacé dès 1842 et en particulier, sous lord Elgin en 1849.

4oAutre et éclatante confirmation du droit de vivre en 1867. Régime politique voulu, exigé par les Canadiens français. Signification d’un tel geste.

Tels sont les fondements du nationalisme canadien-français. Nul n’est « plus légitime, plus orthodoxe ».

II. Nos devoirs

Nos devoirs, les avons-nous accomplis conformément aux exigences de 1867 ? Vivons-nous avec une conscience nette de notre destin ?

Deux témoins à faire comparaître :

1oLe pays : Regardons-le au visage. Est-ce un pays inviolablement français ?

2oNos âmes : Y trouvons-nous une vue juste de l’idéal, du devoir canadien-français ?

État de notre langue.
Désolante situation économique. Entre l’économique et le national, liaison ignorée.
Négligence de notre charge d’âme à l’égard de nos minorités.
Attitude humiliante devant la minorité anglaise.
Conclusion : dissolution trop évidente du sens national.