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III

CONFÉRENCES ET DISCOURS

Mes livres n’ont pas été seuls à pousser la jeunesse vers une impasse fatale. Elle-même et quelques autres y auront fortement contribué en m’incitant à des interventions de toute sorte dans les épineux problèmes de ce temps-là. L’on me met indiscrètement à toutes les sauces. On me croit en possession de l’universelle panacée. C’est bien à cette époque que je suis amené à prononcer les discours et conférences qui ont fait le plus de bruit, sinon le plus de bien. De ces morceaux oratoires, j’en choisis deux pour le moment, deux qui, en raison des auditoires et des circonstances, ont peut-être le plus remué les esprits. Je prononce la première de ces causeries au Château Frontenac de Québec, le 9 février 1935. Je suis l’invité du Jeune Barreau de la capitale. Le président en est alors Maître Noël Dorion, futur ministre à Ottawa. Nos relations remontent à dix ans auparavant. Élève au Petit Séminaire de Québec, puis membre de l’ACJC, un jour il me fait savoir son désir de propager L’Appel de la Race d’Alonié de Lestres ; il se constitue propagandiste de L’Action française. Ses lettres de ce temps-là que j’ai conservées débordent d’enthousiasme juvénile. Il m’écrit un jour (c’est le 12 mars 1923) : « Ah quelle fièvre patriotique je ressens, lorsque je lis vos œuvres historiques, — permettez-moi de vous l’exprimer. Après avoir lu et relu “La Naissance d’une Race”, il me semblait que j’étais devenu plus fier, pouvant maintenant confesser mes ancêtres. Non seulement vos œuvres seront l’histoire du Canada, mais elles seront plus que cela : elles seront une puissance qui réveillera les endormis, qui réconfortera les