donné la peine de lire l’ouvrage : analyse complète, honnête, part mesurée d’éloge et de critique. Je retiens les derniers mots de la conclusion. Après vingt-quatre ans, ils me font encore sursauter. Le journaliste s’en prend à la Confédération, régime dont j’aurais fait de nouveau le procès, « Confédération qui aura, en vérité, fait de nous, et définitivement, une minorité destinée par définition à se voir déborder un jour par la majorité… L’abbé Groulx en a fait son Delenda Carthago, et c’est le mot d’ordre auquel il faudra tôt ou tard se rallier. » Georges Langlois, je présume, n’écrirait plus ces lignes aujourd’hui ; comme bien d’autres il s’est accordé sa petite « trajectoire ». Mais il fallait citer cette fin de conclusion pour montrer le fond de pensée d’excellents esprits à l’époque.
Me tournerai-je vers les revues ? Un spécialiste de l’histoire, ou du moins de la méthode historique, le Père Thomas-M. Charland, o.p., juge l’ouvrage selon la note sympathique, dans la Revue dominicaine (avril 1934). On sent que la matière volcanique de cette histoire scolaire a quelque peu inquiété le révérend Père. Il se demande : « Est-il même possible de raconter froidement des choses comme celles-là ? » Il écrit encore : « Le ton insinuant, le tour interrogatoire, l’allure emportée de la phrase trahissent l’indignation de l’historien. Comme s’il craignait que le lecteur n’aperçoive pas les torts, il les lui montre du doigt. » Le critique ne me reproche toutefois nulle sévérité excessive. Jugement à peu près semblable, aussi modéré et nuancé, dans un article du Canada français (avril 1934), signé des deux lettres N. M. L’auteur expose intelligemment les difficultés d’une pareille œuvre d’histoire : « sujets… hérissés de grosses difficultés : questions légales d’une complexité parfois quasi inextricable… événements souvent assez récents et, pour cette raison, difficiles à atteindre [en leurs sources documentaires] ; jugements à porter sur des faits et des personnages encore trop près de nous… » Ces difficultés, l’historien les aurait abordées « avec prudence et franchise ».