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cinquième volume 1926-1931

tage auguste des ancêtres : la langue qu’ils ont parlée, les traditions qu’ils ont aimées, la vieille foi qu’ils ont servie. La fierté d’être vous-mêmes vous suffit.

Sur le même ton, j’exhorte ces fils de la diaspora à persévérer dans la résistance :

Si nous sommes fiers de notre civilisation, nous nous devons de la faire durer. C’est le legs indivis des ancêtres qu’il faut transmettre comme tel à nos descendants. Mettons à défendre cet héritage autant d’énergie pour le moins que nos pères en ont mis à le fonder. Défendons-nous contre toute injustice quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne. Nous avons trop respecté le droit des autres en ce pays, pour endurer que notre droit y soit persécuté. Et si demain l’ouragan bolchevique ou les hordes asiatiques doivent déferler sur l’Europe et que l’Amérique doive devenir le centre du monde et le dernier refuge de la civilisation, plus que jamais notre devoir n’est-il pas d’empêcher que ne meure sur ce continent la plus petite flamme d’idéal, le plus modeste flambeau de la foi divine ?

J’ai abandonné la direction de L’Action française ; je n’ai pas complètement abandonné la revue. J’y commets encore de trop fréquentes interventions. C’est en 1926 que j’y publie trois articles, je crois, sur un sujet d’histoire encore inexploré, ou à peine effleuré : « Les “patriotes” de 1837 et les châtiments de l’Église ». Pour écrire ces pages, je passe de longues heures à fouiller les archives de l’Archevêché de Montréal. L’abbé ou le chanoine Desranleau, le futur évêque de Sherbrooke, me communique quelques pièces des archives de l’Évêché de Saint-Hyacinthe. Et j’en arrive à conclure que l’attitude du clergé à l’égard de l’insurrection ne fut pas si simple que la tradition le voulait bien dire. En 1927, je participe à la grande enquête de L’Action française sur la Confédération