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cinquième volume 1926-1931

de nos écrivains les plus haut côtés. Une chaleureuse dédicace honorait pourtant la première page du livre. Et l’auteur avait dû recevoir un accusé de réception des plus élogieux. Mais hélas, l’ouvrage pompeusement dédicacé à un Académicien de France, s’il vous plaît, n’était pas même tranché.

Le voyage en Louisiane

Rentré de mon voyage en Europe, je compte bien me remettre sans retard à mes travaux d’histoire, à la préparation de mes cours de l’année 1931-1932. J’étudierai la période de l’Union des Canadas où il y a tant sinon tout à refaire. Et les épreuves du Français au Canada, publication de mes cours à Paris, chez Delagrave, vont bientôt m’arriver. Hélas, encore une fois hélas, me voici tiré hors de mes travaux. Un pèlerinage en Louisiane s’organise, pèlerinage d’Acadiens et de Canadiens français. On le veut aussi représentatif que possible. Le Devoir prépare sa délégation ; le journal me prie de m’y joindre. Comment refuser ? Il y a si longtemps que cette région du Mississipi me hante, me fascine par les grands noms d’explorateurs qu’elle évoque. J’accepte. Durant tout le voyage, je partagerai la cabine de Mgr Camille Roy : compagnonnage qui en amuse beaucoup. Le critique québecois, on le sait, me porte légèrement dans son cœur ; et l’on n’a pas oublié les polémiques de L’Appel de la Race. Mais ces sortes de petites antipathies ne m’ont jamais effrayé. Je me suis fait d’ailleurs une loi, je crois l’avoir dit, de ne jamais me plaindre d’une critique de mes ouvrages, fût-ce la plus malveillante. Mon compagnon de cabine, vrai gentilhomme, ne gâtera d’aucune façon mon voyage en Louisiane.

Nous sommes donc partis, aux premiers jours d’avril, pas loin d’une centaine de voyageurs, pour la longue course vers le pays louisianais. Le groupe acadien s’en allait par l’est ; le canadien, par le centre : Toronto, Chicago, pour descendre ensuite le Mississipi. Les deux groupes se rencontreront en Louisiane même. Au retour j’ai écrit, pour Le Devoir (25 avril 1931) : « Quelques im-