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cinquième volume 1926-1931

pousse sur le marchepied, me jette à la tête mes petites malles. Mes amis me saisissent. Et nous nous amusons de notre aventure, la trouvant tout de même assez singulière. La jeune femme me paie sa messe à saint Joseph. Et avec quelle joie !

Le soir, j’étais à Montréal. J’avais écrit à ma mère, le 2 mars : « S’il arrive que des journalistes téléphonent pour savoir le jour ou l’heure de mon arrivée, gardez-vous bien de le dire. » Seuls, avertis par ma mère, les deux abbés Pineault sont là qui m’attendent et me conduisent au 2098 rue Saint-Hubert. Ma chère vieille maman, on le devine, me fait fête. Ainsi finit ce voyage de 1931 que j’avais placé sous la garde de ma chère Petite Thérèse de l’Enfant-Jésus. Encore une fois elle avait fait merveille pour son humble protégé. Je rentrais de voyage, surtout de mon séjour à Paris, avec une grande joie au cœur. Notre petit peuple valait donc quelque chose. À notre histoire, à notre destin, j’avais pu intéresser un public tel que celui de la Sorbonne, une partie de l’élite de France. Ce sera le grand souvenir que je garderai de cette année 1931.

Épilogue au voyage à Paris

Peut-être conviendrait-il, en toute justice pour mes amis de France, d’ajouter un épilogue à mon voyage à Paris. Notre haut-commissaire, M. Philippe Roy, véritablement emballé, avait multiplié les démarches pour m’obtenir un prix de l’Académie française. Mis au courant de l’affaire, j’avais eu beau lui dire assez incongrûment que je n’étais collectionneur ni de médailles ni de diplômes, je n’avais pu refroidir sa ferveur. Le cher commissaire n’avait pas perdu son temps. Dès mon retour au Canada, une lettre de M. Roy et une dépêche du Star de Montréal (10 juillet 1931) m’apprenaient bel et bien l’attribution, par l’Académie, d’un prix de 2,000 francs pour l’ensemble de mes ouvrages sur l’histoire du