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XII

RETOUR AU CANADA

Le lendemain soir, je suis de retour à Paris. Je hâte mes préparatifs de départ. J’aime beaucoup voyager, sauf dans les derniers jours de mes voyages. Il y a quelque chose en moi de l’oiseau migrateur qui, la belle saison finie, se sent irrésistiblement poussé vers d’autres cieux. Le 2 mars, j’avais écrit à ma maman :

Il me semble que cette dernière huitaine que, sauf mes trois jours à Rome, je vais passer presque entièrement en chemin de fer, va filer plutôt vite. J’ai bien hâte quand même de me sentir les deux pieds sur le pont du Lafayette pour me reposer un peu, et plus hâte encore, d’être assis à mon siège dans le train de New York-Montréal.

Arrivé à Paris le 10 mars au soir, je dois, en effet, prendre le train du Havre, le 11, à neuf heures du matin. Le Lafayette quittera la France à une heure de l’après-midi pour Plymouth, puis New York. Donc pas de temps à perdre. Le 11, mon petit bagage est à bord du train. Je suis à faire quelques pas sur le quai de la gare. Quelle surprise m’y attend ! Qui vois-je venir vers moi ? Notre haut-commissaire, M. Philippe Roy, encadré de ses deux secrétaires, Jean Désy et Pierre Dupuy. M. Roy tient à me prodiguer cette dernière amabilité. Il m’apporte les Mémoires du Maréchal Foch, deux volumes qui viennent de paraître. « Voilà, me dit-il, une lecture de voyage, pour tromper l’attente du retour. » Sur ce dernier signe d’amitié, je quitte Paris et la France. Dans le train, je repasse les petits événements de ces deux mois