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et président de l’ACJF, il était venu au Congrès eucharistique international de 1910 ; il était revenu, deux ans plus tard, au Congrès de la Langue française à Québec. Il comptait alors, dans la jeunesse de chez nous, un grand nombre d’amis. On s’était facilement épris de ce grand et beau jeune homme, d’une foi si simple et si fière, d’un caractère si liant et doué d’une remarquable éloquence. À l’évêché de Lourdes, ce soir-là, nous avons donc remué beaucoup de souvenirs. L’évêque ne faisait pas oublier le jeune homme d’autrefois. Il était resté simple, d’une affabilité parfaite, pas l’ombre de ces airs de grand seigneur qu’affichent trop volontiers les évêques de France. Mgr Gerlier gardait dans sa mémoire, des noms d’hommes qui lui étaient restés chers. Il me demanda des nouvelles d’Omer Héroux, d’Henri Bourassa, de Georges Baril, de Mgr Bruchési, etc., etc. Malheureusement il avait à sa table, ce soir-là, un autre invité, un catholique laïque avec lequel il paraissait très lié. La conversation, cela va de soi, tournait souvent du côté de l’autre invité. Je ne dirai pas cette fois, comme à Rome : « rencontre manquée ». Mais je l’aurais voulue plus intime, plus seul à seul.