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cinquième volume 1926-1931

— Oui, Monseigneur, même très vives. Et s’il vous plaisait de m’accorder seulement une vingtaine de minutes, j’essaierais peut-être de vous dire pour quelles raisons ces luttes prennent cette âpreté.

— Mais allez, mon cher abbé, j’ai tout le temps voulu pour vous entendre.

Trois ans à peine se sont écoulés depuis mon départ de L’Action française. J’arrive de Paris où j’ai exposé, en neuf conférences, l’histoire si souvent pénible de notre enseignement français. C’est dire que j’ai présent à l’esprit tout un summarium du problème canadien-français. Préparation assez immédiate au petit cours d’histoire qu’il me faut servir à cet excellent Mgr Leccisi. Le Père Leduc m’a, du reste, bien mis au courant : « Ces personnages du Vatican, en particulier de la Consistoriale, croient tout savoir de notre situation, alors qu’ils en ignorent l’a-b-c. On se dit : c’est un pays anglais que le Canada ; il faut se subordonner à cette nécessité politique. Il importe de les renseigner tout en ménageant leurs susceptibilités. » Mon séjour en France, en Suisse, en Belgique, m’a appris, hélas ! comme il est difficile de faire comprendre à des Européens autres que les Britanniques, la notion vraie du régime colonial anglais : l’histoire de ces colonies d’hier évoluant graduellement vers l’autonomie. En France et ailleurs l’on est si habitué à ne concevoir qu’un seul type de colonies : États mineurs, sinon serfs, simples annexes politiques et économiques de la métropole, à jamais incapables de maturité. Aussi rapidement et densément qu’il m’est possible, je fais donc au secrétaire de la Consistoriale un exposé historique, juridique, politique de la situation du Canadien français. Je remonte au début de tout : fondation par la France d’une colonie française en Amérique du Nord ; notre présence au Canada, seuls, pendant cent cinquante ans ; la Conquête anglaise ; notre refus de cette Conquête en quelques-unes au moins de ses conséquences ; volonté immédiate et persévérante de sauver notre foi et notre culture ; émancipation progressive, aspiration à nous gouverner nous-mêmes, comme entité ethnique distincte, dans l’Empire britannique ; chaque étape de cette émancipation marquée, consacrée par un statut du parlement impérial : 1774, 1791 ; un seul recul en 1840 ; puis reprise de la marche ascendante ; enfin victoire fi-