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mes mémoires

entrevues avec quatre grands personnages : un Mgr Leccisi, secrétaire de la Consistoriale, un M. Forbes, l’attaché d’Angleterre auprès du Vatican, puis l’ambassadeur de France auprès du Vatican, M. le vicomte de Fontenay, et le dernier et non le moindre, nul autre que le Saint-Père Pie XI dont il m’a obtenu une audience privée. J’ai beau me défendre, protester que je ne puis tout de même me jeter aux basques de tous ces personnages, que je n’ai rien d’un chargé de mission officielle, que je ne puis aborder nos problèmes que si le cours de la conversation ou l’entretien s’y prête. Le Père ne veut rien entendre. Il a préparé les voies. Mgr Leccisi est prévenu. Il viendra me voir. Je suis invité à dîner chez M. Forbes en compagnie du Père. Le jour et l’heure de mon entrevue chez M. le vicomte de Fontenay sont fixés. Quant au Saint-Père, mon imprésario m’avait déjà écrit : « Le Pape aime beaucoup à causer avec ceux qui représentent quelque chose. » Je ne passerais que quatre jours à Rome, jours pleins s’il en fut.

Ma première entrevue a lieu le lendemain de mon arrivée, soit le 5 mars, avec le secrétaire de la Consistoriale, Mgr Leccisi. Ce Monseigneur reçoit des honoraires de messes du Père Leduc ; c’est donc un ami du jeune Dominicain. Au surplus un frère de ce Monseigneur vit à Montréal, l’avocat Giacinto Leccisi qui a épousé une Canadienne. L’abord sera donc facile. Le jeune secrétaire est d’ailleurs d’accueil très sympathique. La conversation prend tout de suite la tournure que le Père Leduc a pu souhaiter. Mgr Leccisi s’enquiert naturellement de la raison de mon voyage en Europe et à Rome. Il apprend donc que j’arrive de Paris et que j’y ai fait, en somme, des cours sur la Question scolaire au Canada.

— Vous avez chez vous, je crois, me glisse tout de suite mon interlocuteur, des luttes assez vives autour de cette question ?