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LE VOYAGE À ROME

Un voyage en Europe sans une course à Rome eût manqué pour moi d’un complément fort souhaité. J’avais à Rome, du reste, un jeune ami devenu professeur de droit canon à l’Université dominicaine de l’Angelico. Le Père Augustin Leduc m’appelait. L’un de mes anciens élèves et l’un de mes dirigés, il m’était resté très attaché. Il venait de m’écrire à Paris :

Ici, rien de bien extraordinaire. C’est toujours la même vie de professeur à l’étranger avec tous les avantages et tous les ennuis aussi d’un séjour prolongé à l’étranger, fût-ce à Rome.

Comme tous les Canadiens ou presque, le Père Leduc, transplanté en Italie, avait le mal du pays. Il me pressait donc de l’aller voir :

Ne viendrez-vous pas nous voir à Rome ? Vous verriez les transformations « modernes » que l’on fait subir à notre Cité ! Que de bonnes conversations nous aurions ! Vous me parlerez du Canada non encore oublié… Je vous communiquerai des renseignements et des « observations » de témoin oculaire et auriculaire des idées romaines actuelles sur notre Canada.

Il ne me déplaisait pas d’aller voir ces « transformations modernes ». Le fascisme régnait à Rome depuis huit ans. Mussolini