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IX

DERNIÈRES RÉCEPTIONS

Chez les étudiants canadiens

Je dis les « dernières ». Je sous-entends les « dernières » dont je veux consigner ici le souvenir. J’en passe d’autres que je ne me rappelle que très superficiellement et qui ne me laissent guère à glaner. Le 10 février, j’étais reçu à la Maison des étudiants à Paris. M. Firmin Roz, directeur de la maison, m’avait invité à rencontrer mes jeunes compatriotes. Quelques-uns d’entre eux avaient désiré cette rencontre. Ils avaient assisté à mes conférences ; ils désiraient converser de plus près. Dois-je le dire sans modestie ? Ils me savaient gré d’avoir donné de véritables cours et d’en avoir gardé le ton. L’année précédente, les conférences de Rodolphe Lemieux les avaient singulièrement agacés. Le président de la Chambre canadienne s’était présenté à la Sorbonne, en grand apparat, revêtu de son costume d’orateur du parlement et coiffé de la toge rituelle. Et il avait débité ses discours, me disait-on, avec le ton tribunitien qui lui était assez facile et coutumier. En son dernier cours, mal conseillé par son ami Hanotaux, il aurait même haussé le ton et déclamé à grandes orgues, sa péroraison. L’auditoire, empoigné, remué, s’était levé debout,