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cinquième volume 1926-1931
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France. Il est reçu à son arrivée par MM. Millerand et Briand (donc rencontre de trois anciens socialistes). Aussitôt en voiture, M. Pilsudski dévisage M. Briand et lui jette à la figure : — “C’est vous ?”, puis se penchant du côté de Millerand : — “C’est lui ?” » — “Et c’est moi !”

M. Goyau croit beaucoup à l’utilité, à la nécessité du cadre en histoire. Rien ne s’explique qu’une fois bien situé. D’où nécessité de recourir au synchronisme et de faire la chasse aux faits analogues.

Pour M. Goyau, le grand historien de l’antiquité, c’est Thucydide. Ses discours sont dépourvus de rhétorique vide et dévoilent la psychologie de ses personnages. Décidément la psychologie tient une grande place dans la conception de l’histoire de Georges Goyau. Ce qu’il aime et admire en Pierre de La Gorce, c’est le rôle, en son œuvre historique, accordé à la psychologie collective. S’il ne croit point au portrait psychologique de l’individu, il croit au portrait psychologique d’un peuple, d’une époque.

Incidemment il en vient à parler de la nouvelle école historique qui prise assez peu la méthode ou le genre Goyau ou La Gorce. — Eh bien, quel est votre sentiment sur cette école ? — Oh ! je la crois excellente, pourvu qu’elle ne prétende pas faire de l’histoire. Elle fait tout au plus du déballage historique. — Et vous ne croyez pas à son souci de l’objectivité ? — Mais toute œuvre historique qui prétend être une œuvre littéraire, une œuvre d’art, comporte, par cela même, une part de subjectivisme. Ces Messieurs font de l’histoire, mais sortent de la littérature. Ce ne sont plus que des fichiers. Et que vaut-elle leur objectivité ? Hypnotisés par le document, ils oublient de l’éclairer par ses entours, et, par exemple, par le synchronisme. Voyez encore ce que, pour un grand nombre, a été cette objectivité : ils ont fait