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mes mémoires

m’offre une maison où je pourrais m’en aller loger avec ma mère. Elle s’offre même à en payer le loyer. De nouveau je vais soumettre mon cas à Mgr Gauthier. L’administrateur, facilement de votre avis quand il n’y voyait pas inconvénient, me répond sans hésiter : « Mon cher fils, je crois que c’est la vraie solution. »

Je prends maison — Rajustement d’honoraires

Je vais donc, comme on dit, « prendre maison ». Acte d’importance dans ma vie. Habitué à vivre en grande ou en petite communauté, je m’enfonce, et je ne l’ignore point, dans un grand isolement. Mais l’acte de charité qui me sollicite ne me permet pas d’hésiter.

À l’automne de 1926, je prends possession d’un rez-de-chaussée, au no 3716 de la rue Saint-Hubert. Et ma vieille maman s’en vient demeurer avec moi. Changement de domicile qui ne laisse pas de poser pour le locataire que je deviens une question de finance. Je ne veux rien demander à ma mère ; elle ne dispose, du reste, que d’une faible rente, et encore mal payée. L’Action française, il est vrai, paie mon loyer. Mais mes honoraires de professeur d’université — $300 ou $600 au plus depuis 1920, alors que j’ai dû abandonner mon enseignement à l’École des Hautes Études commerciales — ne me permettent pas de faire les frais d’un ameublement et d’un train de maison. À tout prix, il me faudra donc obtenir, des autorités universitaires, un rajustement d’honoraires.

Transaction qui aurait dû aller de soi. Mais hélas ! rien ne va de soi alors en notre monde universitaire. Et voilà, dans ma petite histoire, un épisode des plus désagréables. Toujours prévenant, l’ami Antonio Perrault entreprend les démarches préalables auprès des grands seigneurs de l’Université : c’est-à-dire de la Commission d’administration où siègent alors, outre le chancelier et le recteur, MM. les sénateurs F.-L. Béique, Raoul