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cinquième volume 1926-1931

amabilités. L’on n’a pas oublié de m’obtenir de Son Éminence le cardinal Verdier, un bon billet pour la grande nef. Encore cette fois, je suis presque en face du prédicateur, à quelques pas de la chaire. Le Père Janvier n’y est plus. Rien qui me rappelle la robuste silhouette déployant, dans la souple robe blanche, ses gestes pathétiques. Rien non plus de la voix d’or. Un type de prédicateur tout à fait nouveau. Au lieu d’un Dominicain, un Jésuite : le Père Pinard de La Boullaye, assez grand de taille, mais plutôt mince ; une tête fine, un visage fin ; au lieu d’un orateur, un professeur. Le Père expose, enseigne, ne cherche guère à émouvoir, à secouer l’auditoire ; il veut instruire, convaincre, réfuter ; c’est le maître du haut de sa chaire. Il a pourtant le don de se faire écouter. Ses exposés sont clairs ; dans ses réfutations, il ne se prive point au passage d’un sourire, d’une pointe d’humour ou d’ironie, mais sans appuyer. Il parle du Christ et il en parle souvent avec émotion, même si son émotion est celle d’un savant. On sait qu’à Notre-Dame il a voulu traiter de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais dans le cadre de l’histoire des religions. Le célèbre auditoire éprouvait ce besoin, depuis que l’interpénétration des mondes ramenait plus que jamais l’étude des théologies et des philosophies orientales. J’étais étudiant à Rome, lors de la mort de Ferdinand Brunetière. N’a-t-on pas raconté, dans le temps, que certain ouvrage sur le bouddhisme avait retardé de dix ans la conversion au catholicisme du directeur de la Revue des Deux Mondes ? En ce carême de 1931, le Père de La Boullaye traite du Christ : « le thaumaturge et le prophète ».

Le prédicateur n’est plus le même. Mais l’auditoire, le magnifique auditoire d’hommes de la grande nef n’a pas changé. Espace rempli jusqu’aux moindres coins ; mêmes visages attentifs, respectueux, quelques-uns tendus, dans l’anxiété de la recherche