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cinquième volume 1926-1931

Chez les Publicistes chrétiens

Autre rencontre qui, elle aussi, m’intimidait bien quelque peu. J’avais déjà comparu devant l’aréopage, en 1922, alors que René Bazin en était le président. C’est là que je prononçais ma conférence « La France d’outre-mer » qu’éditerait l’Action française de Paris. Le nouveau président, Georges Goyau, rencontré à la Sorbonne et chez Louis Artus, et avec qui j’étais déjà en relations épistolaires, m’invite, pour le 5 février, au dîner des Publicistes. Le dîner a lieu dans un restaurant du centre. Parmi les assistants, je note, au hasard, Geoffroy de Grandmaison, Joseph Ageorges, René Gobillot, Paul Deslandres, Alfred Michelin, Léon Poncet, les abbés Bigo, Gérard de Beauregard du Colombier, les PP. Yves de La Brière, Merklen de La Croix. On m’a laissé le choix de mon sujet. J’en profite pour reprendre quelques idées développées aux Études, mais pour les compléter par quelques autres plus appropriées à mon auditoire : services possibles de la France catholique au Canada français ; chances de survivance de ce même petit pays ; qualité, orthodoxie de son nationalisme ; quelques périls de l’heure. Celui qu’on a chargé de me présenter, M. Martial Massiani, secrétaire, je crois, de la Corporation, a très justement préfacé ma causerie, en terminant son allocution par ces mots :

Mais le vouloir-vivre d’une Église, la vie d’une Église, est-il un endroit où ces phénomènes soient plus émouvants à constater que chez nos frères du Canada ?

Il vaut la peine, ce me semble, que je transcrive quelques extraits de ma causerie. Voici d’abord mon salut à la France catholique. Hommage non de simple circonstance, mais écho d’une conviction réelle et profonde en moi :

Puisque j’ai devant moi l’élite de la pensée catholique de France et que l’occasion m’en est fournie, je veux vous remercier des services magnifiques que vous rendez à la pensée humaine, et particulièrement à nous, catholiques français d’Amérique. Peut-être ne savez-vous pas assez ce qu’emporte avec soi, de vertu vivifiante… une grande œuvre sortie de vos mains et qui part