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troisième volume 1920-1928

L’Action française de février 1923, je réfute l’abbé Roy par l’abbé Roy. Et pour me livrer à ce jeu facile, je n’ai qu’à citer une couple de pages des Essais sur la littérature canadienne du critique, où le cher abbé a souhaité lui-même une « éducation plus nationale », déplorant, en termes non moins sévères que les miens, les déficiences de l’enseignement de l’histoire du Canada et de la géographie canadienne donné dans nos collèges. Mais voici que l’abbé Maheux entreprend tout à coup de se porter à la rescousse de son confrère. Le débat ne peut que s’animer, s’élargir. Faudra-t-il recourir à la lourde artillerie ? À la thèse de l’abbé Maheux, je commence par opposer le témoignage d’un ancien élève du Séminaire de Québec, et pas l’un des moindres : Antonio Perrault. Et l’ancien élève du Séminaire, contemporain à peu près comme moi de la génération de Lantagnac, n’y est pas allé par quatre chemins, quelque vingt ans auparavant, dans La Vérité de Québec du 1er décembre 1905 :

Je sais des jeunes hommes qui en se ralliant à l’A.C.J.C. il y a trois ans, entendirent parler pour la première fois du rôle social à remplir en ce pays. Ils avaient traversé les collèges, écouté discourir sur la question sociale, voire le socialisme… Mais de carrière libérale vue et pratiquée de haut ; mais de rôle politique ou social rempli pour le peuple et dans l’intérêt vrai du pays ; mais de défense active, intelligente, raisonnable et partant efficace du catholicisme et des traditions de notre race, ils n’avaient peu ou point entendu parler, et en tout cas, n’avaient sur ces questions rien de précis ni de ferme.

Jugement explicite et sévère auquel j’en joins quelques autres : le témoignage, en particulier, de l’abbé Émile Charrier, témoi-