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V

AUTRE MOYEN DE PROPAGANDE :
LA CONFÉRENCE

On pense bien que l’Action française n’allait pas négliger cet autre moyen de propagande : la conférence. Instrument souple qui lui permettrait d’atteindre l’élite aussi bien que le populaire. Instrument recherché à une époque où le public aime encore entendre parler, pourvu qu’on lui dise quelque chose. Rien de plus commun entre 1915 et 1930 que le recours à la conférence et au conférencier pour les hommes d’œuvre désireux de se faire des recettes. Les conférenciers écoutés, recherchés, se voient alors mis à contribution jusqu’à usure. Pour sa propagande, l’Action française utilise d’abord, et cela va de soi, le personnel de sa direction. Mais soucieuse sur ce point comme sur le reste de mettre à profit toutes les collaborations, elle eut tôt fait de constituer une équipe de conférenciers : ce qui lui permit de répondre à tous les appels. Des conférences de l’Action française, il y en aura de deux sortes : la conférence en série et la conférence que j’appellerais individuelle. Des conférences en série, ou des séries de conférences, j’en relève au moins quatre. Elles débutent dès 1918-1919 et on choisit pour salle un vaste vaisseau : le Monument National de Montréal. Était-ce tenter la fortune ? L’Action française de ces années-là a le vent dans ses voiles. Le succès est étonnant. Chaque fois, ou peu s’en faut, le vaisseau s’emplit. Il faut dire que l’on a su débuter. Son premier conférencier n’est nul autre qu’Henri Bourassa et qui a pris pour sujet : « La langue, gardienne de la foi ». Suivront le Père Louis Lalande, s.j., Léon Lorrain, Antonio Perrault, Armand LaVergne, l’abbé Groulx. Pour présidents d’honneur de ces soirées, l’Action française s’est