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représentants des diverses sociétés nationales et religieuses, un grand nombre de citoyens d’Ottawa et de Hull. Le président de la Chambre des Communes, Rodolphe Lemieux, reçoit la délégation. Dans son éloquence, toujours un peu solennelle, il prononce devant la foule ces nobles paroles :

Au nom du parlement, j’accepte ce bronze auquel je réserve une place d’honneur dans cette salle d’entrée dont l’architecture ogivale servira de cadre au héros légendaire. Dollard des Ormeaux montera la garde près de l’autel du Sacrifice que nous élevons dans la haute tour à nos héros de Saint-Julien, de Courcelette, de Vimy. Il dira aux citoyens du Canada, toute la noblesse de cette race qui, la première, évangélisa les tribus sauvages et implanta la civilisation dans le Nouveau-Monde, s’enchaînant aux rôles sublimes, s’immolant toujours au service de l’ordre, de la justice, de la liberté (IX : 354-355).

Ne négligeons pas, non plus, de rappeler, pour sa particulière signification, la présentation d’un buste de Dollard à l’Hôtel de ville de Montréal. Qui, en effet, ce dimanche après-midi, porte fièrement le héros au palais municipal, en grande tenue, cors en tête ? Les cadets de l’Institut Saint-Antoine, l’ancienne École de réforme, totalement régénérée par cet intelligent éducateur que fut l’abbé Edmond Lacroix. L’une de ces présentations de buste donne lieu à Québec, à un incident cocasse. Me Noël Dorion, avocat, me le rappelait, sur le ton quelque peu sarcastique, le 9 février 1935, au Château Frontenac, alors que j’y allais prononcer, devant le Jeune Barreau de la capitale, une causerie sur « Nos positions ». Voici ce qui s’était passé. Nous sommes