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troisième volume 1920-1928

journée de Dollard. En nombre de villes, à Montréal sans doute, mais encore à Québec, à Ottawa, à Lévis, à Chicoutimi, à Saint-Boniface (Manitoba), à Hull, elle donne lieu à de grandes célébrations publiques. À Ottawa et à Hull, les cloches de la capitale et des églises tintent un glas de dix-sept coups en l’honneur des dix-sept héros, glas qui est suivi d’un carillonnement de cinq minutes. Jusqu’en Nouvelle-Angleterre, on célèbre le fait du Long-Sault. On y distribue abondamment le récit de Faillon imprimé en fascicule, et une proclamation du secrétaire de l’Union Saint-Jean-Baptiste d’Amérique invite les petits Franco-Américains à solenniser avec éclat la fête du héros de la Nouvelle-France. Il en est ainsi dans nos séminaires, petits et grands, dans nos collèges, nos couvents. Les autorités des communautés religieuses exhortent, par des circulaires, leurs maisons enseignantes à faire célébrer le grand jour. Ainsi la fête se répand jusque dans les écoles des campagnes. On peut lire, dans L’Action française de 1924 et de 1925, des rapports toujours enthousiastes des fêtes de ces années-là et qui nous renseignent également sur l’expansion de ces célébrations à travers l’Amérique française. En 1924, il faut même relever ce geste marquant de l’évêque de Sherbrooke qui, dans une circulaire à son clergé où il recommande une souscription en faveur des écoles de l’Ontario, écrit : « Pour donner à cette contribution une signification patriotique encore plus accentuée, nous voulons que le jour de la fête de Dollard (24 mai), qui tend de plus en plus à devenir une fête de toute la jeunesse étudiante canadienne-française, soit choisi comme un jour de fête patriotique et religieuse dans chacun des collèges, couvents et écoles de ce diocèse » (L’Action française, XI : 58).

Chaque année, désormais, par un mot d’ordre dans la revue, mot d’ordre qui s’enfle parfois de l’emphase d’une harangue de commandant de troupe, je rappellerai la date prochaine de la célébration du 24 mai et j’inviterai à la préparer. Chaque fois, ma pensée s’en va surtout vers la jeunesse. En 1925 (XIII : 201), j’écris, entre autres choses :