Je ne lui trouve pas suffisamment l’air almanach.
Je lui trouve un défaut capital : celui de n’être guère un almanach.
Tout dans l’almanach est mesuré, digne de haute tenue intellectuelle et littéraire. Et ce qui est curieux à dire, c’est peut-être cette insigne qualité qui est, à un certain point de vue, le plus grand défaut de l’Almanach…
Le défaut de votre almanach est que l’actualité y est traitée comme on la traiterait dans une revue ou dans un journal.
Les compliments de quelques amis, pour généreux qu’ils fussent, ne rachetaient qu’à demi ces sévères jugements. Comme quoi il n’est pas si facile d’être simple et populaire. Ce populaire, allions-nous pour autant l’abandonner ?
Calendriers et cartes-correspondance
L’Almanach appelait de soi le calendrier patriotique. L’Action française entreprit de jeter, dans le public, cet autre instrument de propagande. Son premier calendrier est de l’année 1924. En voici la description dans la revue (X : 313) : « Le Calendrier de l’Action française porte à sa partie supérieure une belle tête de Dollard montée sur carton fort et encadrée d’un riche papier-cuir. Le calendrier indique spécialement les fêtes patriotiques, telles que celle de Dollard et celle de saint Jean-Baptiste. Chacune des douze feuilles du calendrier porte en plus un mot d’ordre bien choisi et différent pour chaque mois. »
Et pourquoi ce calendrier ? « Notre but… est d’amener les fabricants de calendriers à tenir compte des exigences du public canadien-français ; c’est aussi d’enfoncer dans les esprits quelques-uns des mots d’ordre dont l’âme nationale a besoin pour se ressaisir. » Le calendrier obtient plein succès. Dès la première année, il faut dépasser le deuxième millier, puis renoncer à satisfaire toutes les commandes. Il paraîtra, renouvelé, les années suivantes, au moins jusqu’en 1927.