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10,000 exemplaires, l’Almanach atteint, en 1918, son vingt-cinquième mille, tirage qu’il dépassera de beaucoup, dans les années suivantes. Déjà, dès décembre 1918, 23,000 exemplaires de l’édition sont écoulés. L’Almanach ne durera pas autant que le mouvement. La revue fera moins sentir le besoin de cette propagande populaire. En outre, des rivaux surviendront, trop heureux de tirer la manne de leur côté. L’Action catholique de Québec aura bientôt son almanach. Et d’autres vont suivre. Celui de la Ligue n’en conquit pas moins, dès les premières années, une remarquable notoriété. C’est par milliers que quelques amis de l’œuvre le répandent. Le Frère Marie-Victorin, alors jeune instituteur au Collège de Longueuil, réussit à en placer, à lui seul, 2,000 exemplaires. La Ligue se flatte, sans la moindre modestie, d’en avoir fait, « sous un format réduit, une espèce d’encyclopédie nationale » (L’Action française, I : 308). À parler vrai, les éloges ne manquent pas à la petite Encyclopédie. Je recueille, par exemple, celui-ci, de La Tribune de Saint-Hyacinthe :

Chaque foyer canadien-français voudra lire et conserver l’Almanach de la Langue française de 1918. Les enfants, en particulier, devraient savoir de mémoire tout ce qui y est si bien dit de très intéressant sur les choses canadiennes. L’Almanach de la Langue française est notre Almanach à nous, Canadiens français ; nous devons tenir à honneur d’en faire la publication la plus répandue, la plus lue, la plus estimée, la plus aimée de tout le Canada et même de toute l’Amérique du Nord. Il deviendra, si nous le voulons, le livre de la reconquête des droits du français dans notre pays, le vade-mecum de notre vie nationale.

Éloge, comme on le voit, qui n’est pas dépourvu de chaleur. Et comment rester modeste après de tels compliments ? La Nouvelle-France, le Parler français de Québec se montrent tout aussi obligeants. Pour la première revue, c’est un « bijou d’almanach » ; pour la seconde, cet almanach « qui est un almanach… est cependant un livre… où nos meilleurs écrivains disent le mieux