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mes mémoires

Je n’ai rien pu obtenir que l’acceptation des charges fixes au montant fabuleux de $8,000. et le statu quo, en attendant votre retour…

Je regrette d’être dans l’impossibilité de prendre la direction d’une telle administration… Pour une troisième et dernière fois, je me retire, même au risque de laisser s’accentuer la légende que je ne sais pas collaborer à des plans qui ne sont pas les miens.

Sous la forme d’une sorte de credo, le docteur reprenait sa conception de l’œuvre en une douzaine d’articles, credo d’un homme qui se sent toutefois absolument las de la lutte et qui le dit non sans accent pathétique :

Certes, comme vous je considère le problème de la Revue comme le vrai problème, et c’est précisément pour trouver la solution de ce problème principal que je bataille avec tant de ténacité et si peu de succès…

J’ai cru et je crois que pour faire vivre une revue comme la nôtre il faut que gravitent autour une multitude d’œuvres secondaires mais payantes.

J’ai cru et je crois que la création d’une maison de la bonne presse est le plus honorable moyen d’apporter à la Revue sa subsistance propre et celle de ses œuvres.

J’ai cru et je crois que c’est une utopie de songer à atteindre 10,000 abonnés à la Revue, sans créer d’abord pour les autres œuvres de la Ligue une large clientèle à laquelle on puisse offrir avec nos publications, nos livres et la Revue…

J’ai cru et je crois le temps venu de transformer notre immeuble en salle de rédaction et de réception, et d’y installer la librairie du chic à Montréal, la librairie des grands ouvrages d’idée et de haute culture.

J’ai cru et je crois que pour s’adonner à la fabrication des cartes postales d’action française, des calendriers et des blocs pour enfants, il faut avoir pour loger la marchandise et recevoir les clients d’autres milieux que des caves de presbytère ou des chambres à coucher d’un immeuble quelconque.

J’ai cru et je crois que l’on a emprunté de l’argent pour acheter un immeuble de $17,500. pour loger d’autres personnes qu’un tailleur et des vieilles chipies…