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quatrième volume 1920-1928

la maintenir, de lui conserver son esprit avec un maximum d’efficacité, je crois que nos vues diffèrent quelque peu.

Je voudrais une direction unique pour toute notre œuvre (Ligue d’Action française et Action française). Je voudrais qu’un directeur, aidé de quelques hommes, contrôlât et la Revue et nos diverses entreprises, conférences, pèlerinages, bibliothèque, service de librairie, etc. C’est une œuvre que nous voulons faire ; un esprit nous anime et nous pousse vers un but. Il faut qu’il y ait harmonie dans les efforts tout le long de nos travaux ; il ne faut pas que l’action française que nous accomplirons par la propagande du livre vienne amoindrir, sinon contrecarrer, l’action française poursuivie au moyen des articles publiés dans notre Revue. En donnant, ainsi que vous me l’écrivez, à cette dernière, « une administration absolument distincte » de nos autres entreprises, je craindrais erreurs et ennuis à ce sujet. Cela étant posé, je crois avec vous que la première initiative à développer est celle de la Revue.

Perrault opinait donc pour un directeur unique de toute l’œuvre. Et il concluait :

Ce directeur, je compte que ce sera vous-même. Vous avez là une très belle tâche à remplir. Votre cours à la Faculté des lettres, votre direction à l’Action française vous permettront d’exercer sur notre public une action profonde et durable.

On m’avait promis d’attendre mon retour pour prendre décision. Je n’avais eu que trop raison d’appréhender l’irréconciliable. Une lettre de Perrault (22 février 1922) contient cette petite phrase alarmante : « Le Dr Gauvreau n’assiste plus à nos réunions. Vanier le remplace au Comité d’administration. »

Une lettre du Dr Gauvreau, de quelques jours antérieure à celle-ci, était venue justifier toutes mes craintes. Je me trouvais en face d’une brisure, d’un nouveau départ :

J’ai tenté l’impossible pour obtenir la réalisation de vos désirs d’abord, et les miens ensuite. Ce fut peine perdue. J’étais disposé à abandonner le projet de vitrines pourvu que l’on nous donnât le rez-de-chaussée pour l’administration, le premier étage pour la rédaction et que l’on ne répudiât pas le catalogue de la librairie de l’Action française.