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mes mémoires

née, la note signée A.V. : « Le Québec et la France ». M. Athanase David — c’est le personnage politique désigné par Mgr Deschamps — aurait alors demandé à l’Administrateur apostolique si l’on prétendait monter à Montréal la récente affaire de Québec [je ne sais quelle affaire] contre le gouvernement ou si, alors que les évêques avaient choisi de se taire, ils laisseraient insulter le gouvernement dans une revue dirigée par un prêtre. « Mgr Gauthier, répète plusieurs fois l’Auxiliaire, a été ennuyé, excessivement ennuyé par cette affaire. » Puis, sur la question de l’abbé Perrier :

— Que faut-il faire ?

L’Auxiliaire répond :

— Que M. Groulx veuille donc supprimer son nom sur la couverture de L’Action française. Et continuez comme par le passé. Mais si ces Messieurs du gouvernement nous reprochent de n’avoir rien fait, nous leur montrerons la couverture de votre revue.

Où l’on voit que les ligoteurs de la liberté de s’exprimer ne datent pas de Duplessis. Au temps des Taschereau et des Athanase David, Duplessis avait des prédécesseurs aussi intransigeants que lui-même.

C’est ainsi qu’à partir de septembre 1924 le nom du directeur disparut de la page frontispice de L’Action française. Suppression qui ne me coûta guère, mon nom n’ayant été mis là que sur les instances de mes collègues de la direction. Quelques-uns, dans le public, prirent assez mal la chose. On me crut mis en congé par les directeurs de la Ligue. Dans un article reproduit par Le Matin (29 nov. 1924), Le Progrès du Golfe se plaignit amèrement :

Y a-t-il bisbille parmi les membres de la « Ligue » ? se demandait le journal de Rimouski. M. l’abbé Groulx ne ferait-il plus l’affaire de ses collègues ?… La disparition de l’abbé Groulx est d’autant plus surprenante qu’elle a eu lieu sans un mot d’explication de la part de L’Action française.

Ai-je besoin de le dire ? Cet article ne reçut nulle réponse ni n’en pouvait recevoir. À L’Action française, soucieux de ne pas