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quatrième volume 1920-1928

En 1927, L’Action française publie, sous la signature de Georges-Henri Sainte-Marie, « Premières expériences de scoutisme canadien-français », ai-je déjà dit. J’y relève les mêmes prétentions à l’originalité :

Pour nous, du Canada français, cette méthode moderne d’éducation doit servir nos fins religieuses, nationales et autres. Sans quoi, il n’eût pas valu la peine d’en doter notre race, surtout quand déjà trop d’associations répondent si peu à ses aspirations légitimes.

Les Éclaireurs connaissent un rapide succès. Ils font la preuve qu’un mouvement autonome, bien à nous, peut conquérir la jeunesse canadienne-française. Que se passe-t-il dans la coulisse ? Tout à coup l’on apprend que l’autonomie des Éclaireurs déplaît à certaines gens et voire à certains personnages. La rumeur se répand que l’on s’apprête à leur ravir leur nom et à les affilier au scoutisme officiel et international. Un religieux d’Ottawa, féru de snobisme et, comme tant d’autres, magnifiquement dépourvu de sens national canadien-français, a déjà consommé l’affiliation de son groupe au scoutisme à la Baden-Powell. Dès la fin de 1934, la Fédération catholique des Éclaireurs canadiens-français sonne l’alarme. Mais les intrigues de la Boy Scout Association datent de 1929. Le notaire L.-Athanase Fréchette, du Comité directeur de la Fédération, alerte Mgr Conrad Chaumont (lettre du 29 décembre 1934). Il constate que la loi adoptée à Québec pour régir le scoutisme canadien-français est exactement la même que la loi Baden-Powell, et que