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nadiens français de l’Ouest, de l’Ontario, Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre viendront chercher, un jour ou l’autre, dans les vingt volumes de L’Action française — et ce sera notre plus beau mérite — de larges tranches de leur histoire. Au service de la minorité ontarienne et des Franco-Américains, la revue aura même ses chroniqueurs attitrés : le Père Georges Simard, o.m.i. (Aurèle Gauthier), d’Ottawa, l’abbé Duplessis (Charles Dollard), pour les Franco-Américains. Le directeur de L’Action française, en tournée de conférences dans la région de Kent et Essex, publie une relation de son voyage (XI : 297-309). Il fait de même, en 1928, lors d’un séjour au Manitoba (XX : 35-48). Au cours de l’enquête sur « Notre avenir politique », le Père Rodrigue Villeneuve, o.m.i., s’applique à rassurer nos minorités. Un État français libre, indépendant, d’un prestige accru, loin d’abandonner les frères de la diaspora, soutient-il, ne pourrait que hisser plus haut le devoir de l’entraide et l’accomplir plus efficacement. Lors d’un dîner offert à Mgr Prud’homme, évêque de Prince-Albert, Antonio Perrault reprend le même thème, et avec quelle vigoureuse insistance :

Ces préoccupations [celles de « Notre avenir politique »] ne nous détournent pas de l’accomplissement des devoirs que nous nous reconnaissons à l’égard de nos frères de l’Ouest. Personne plus que L’Action française n’a proclamé la nécessité d’une solidarité religieuse et nationale entre tous les Canadiens français, qu’ils vivent ici dans le Québec, dans l’Ouest canadien ou aux États-Unis. Personne plus que L’Action française ne s’est efforcé de pratiquer la fraternité avec les autres groupes de notre race… (XI : 184).

Avec quelle joie je célébrerai moi-même la victoire des Franco-Ontariens. Contre ceux qui déjà s’apprêtent à s’attribuer le mérite de cette victoire, je rends justice à qui de droit :

Il nous reste à féliciter les Franco-Ontariens de l’heureuse fortune qui s’annonce pour eux. Ils l’auront chèrement achetée.