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quatrième volume 1920-1928

(X : 380), je note néanmoins qu’on discute ardemment « Notre avenir politique » « dans des milieux où notre revue n’est pourtant pas une hôtesse privilégiée. De temps à autre, c’est le courrier, c’est un journal qui nous révèle la marche irrésistible de l’idée ». La revue a cependant recueilli quelques témoignages que je reproduis ici pour leur importante signification. Deux de ces témoignages nous sont venus de Québec et de deux abbés, appelés à devenir un jour recteurs de l’Université Laval. Le premier, paru dans La Voix de la jeunesse catholique (III : 20), est de l’abbé Ferdinand Vandry, naguère professeur de théologie au Grand Séminaire de Québec, et, pour lors, aumônier du Cercle Bégin de l’ACJC. « Nous devons garder le meilleur de nos affections pour le Canada français », tout en étant Canadien, affirme d’abord l’abbé qui continue :

Plus que cela, ne nous est-il pas très légitime… d’appeler de tous nos vœux le jour où la Providence divine, qui dispose de la vie et de l’avenir des nations, permettra à la race française, émigrée en terre canadienne, d’atteindre au parfait épanouissement de sa liberté et de goûter enfin, après de longues années d’assujettissement, la pleine autonomie des nations juridiquement indépendantes ?

Le désirer serait-il donc un crime ?… Est-ce donc du chauvinisme que de prévoir avec sagesse le jour où des événements que nous n’avons pas voulus nous mettront malgré nous dans l’obligation d’opter entre l’indépendance et l’annexion ?… Ne craignons pas de donner à notre idéal national un peu de consistance, de lui trouver enfin une formule, une formule claire et expressive, qui ait quelque chance de faire comprendre ce que nous voulons dire lorsque nous parlons de patriotisme canadien-français (L’Action française, IX : 381-382).

Plus explicite se ferait l’éloge de l’abbé Cyrille Gagnon qui écrit, pour sa part, dans Le Canada français :