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en préparait une autre qui fera davantage aller les langues : enquête, cette fois, sur « Notre avenir politique ». Entre les deux Anatole Vanier voudra souligner la liaison logique. En 1927, je crois, l’Action française fêtait le dixième anniversaire de sa revue. Ce jour-là, l’ami Vanier citait un long passage de la fin de mon article-conclusion de l’enquête économique, celui où je prêchais la nécessité d’une reconnaissance « en théorie comme en pratique » du Québec à titre d’État français. « Vérité, avais-je écrit, qu’il faut replacer en haut pour qu’elle gouverne chez nous l’ordre économique, comme on admet spontanément qu’elle doive gouverner les autres fonctions de notre vie. » « Ne voit-on pas venir l’enquête de 1922 sur notre avenir politique ? » avait conclu Anatole Vanier. En fait, et j’en assume toute la responsabilité, j’avais lancé l’idée de cette autre enquête et j’en avais dressé le plan avant mon départ pour Paris, au printemps de 1921. On en trouvera, du reste, l’aveu dans mon article-conclusion. Le 13 juin 1921, j’adressais à chacun de nos collaborateurs, un exposé schématique des divers sujets et je les convoquais à une réunion d’étude au Cercle universitaire de Montréal. Du reste, je vois qu’Antonio Perrault m’écrit de Montréal, le 11 octobre 1921 :

Nous préparons l’enquête sur « l’Avenir politique du Canada ». Pour ma part je m’en tiens à la division que vous aviez faite dès le début. Je laisserais les 2 premiers articles tels que vous les aviez conçus : le 1er  touchant l’évolution historique, le 2e  rappelant la légitimité pour un peuple de la marche vers l’indépendance. Pour mettre à l’aise celui qui écrira ce 2e article, je lui demanderais de traiter le sujet du point de vue philosophique, sans trop de précisions quant à notre cas particulier.

Dernière précaution nullement superflue. Encore plus que la précédente, l’enquête de 1922 aura le don d’effrayer les timorés. L’on assistera même à des dérobades étonnantes. L’abbé Curotte qui a d’abord accepté d’écrire le 2e article décline l’honneur. Et il faut le remplacer par l’abbé Arthur Robert du Sé-