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quatrième volume 1920-1928
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national, le capital d’exploitation, n’ont jamais eu, pour nos gouvernants, de nationalité, pour cette raison qu’en leur esprit, l’État n’en avait point. Eh bien, nous disons que cette incroyable aberration doit prendre fin.

Donc autre tâche pour la jeunesse : faire admettre, en hauts lieux, « que l’être ethnique de l’État québecois est depuis longtemps irrévocablement fixé ». Légitime prétention dont j’énonce les fondements historiques pour m’arrêter à cet ultime appel :

Cette vérité suprême, il faut la replacer en haut pour qu’elle gouverne chez nous l’ordre économique, comme on admet spontanément qu’elle doive gouverner les autres fonctions de notre vie. Oui, disons une fois pour toutes que nous cesserons de penser en vaincus et en conquis. Ensemble nous élèverons nos pensées vers la réalité de la patrie ; cette idée maîtresse mettra de l’ordre et de la puissance dans notre action. Elle nous rendra le noble sentiment de respect que nous nous devons à nous-mêmes ; mieux que tous les discours, au rôle de maçons et de mercenaires, elle nous fera préférer celui d’architectes et de constructeurs. Dans notre maison nous ferons enfin autre chose que préparer à un rival le repas du lion.

Que sortirait-il de cette laborieuse enquête ? Cette semence d’idées tomberait-elle, comme tant d’autres, sur le roc désolé, pour y être mangée par les paresseux oiseaux de la routine et de l’inertie ? L’enquête n’a point produit de miracles. Georges Pelletier avait souhaité un Comité de direction et d’études économiques pour les fins du commerce et de l’industrie. Et j’avais émis l’opinion que l’action de ce comité aurait à couvrir plus large champ. L’enquête éveille cependant quelques échos. La Chambre de Commerce de Montréal qui, en ce temps-là, quitte rarement le balcon de Sirius, daigne s’apercevoir de ce qui s’écrit à L’Action française. La livraison d’octobre 1921 de la revue nous apprend que, sur proposition de M. Aimé Parent, appuyé de M. Alfred