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quatrième volume 1920-1928

ans. C’est en ces termes inchangés, hélas, qu’on le pose encore en ce pays où tant de débats, surtout les débats enfantins, pourraient défier les antiques tournois de la sophistique grecque.

Sur ce problème controversé, L’Action française tenta de jeter sa part d’éclaircissement. Elle le fit par la tribune de sa critique littéraire. Cette tribune, on connaît déjà ceux qui l’ont d’ordinaire occupée : d’abord un fin lettré, un homme de goût comme Henri d’Arles, le plus assidu peut-être des collaborateurs, puis un abbé F. Charbonnier, Français d’origine, critique peut-être trop bénisseur qui, un temps, alternera avec Henri d’Arles ; à ces deux-là se joindront deux professeurs de littérature française, à Montréal : Henri Dombrowski ; à Laval : Gaillard de Champris ; et quelques-uns de nos jeunes collaborateurs : Albert Lévesque, Hermas Bastien, Harry Bernard, l’abbé Georges Courchesne, l’abbé Albert Tessier. Le directeur de la revue y va lui-même de fréquentes notes dans le Courrier de la librairie ; parfois aussi il se permet un article. À cette autre tribune, le directeur se garde d’imposer à ses collaborateurs quelque consigne que ce soit. Chacun juge comme il l’entend. Oh ! sans doute, l’on n’appartient pas impunément à une école d’opinion, école d’esprit assez tranché sur toute expression de la vie canadienne-française. Il se peut donc que les critiques de L’Action française aient inconsciemment obéi à des critères inspirés. Ces critères, quels sont-ils ? On les trouvera définis au tome XVIIIe de la revue. C’est au cours de cette enquête de 1927 que, dans un réexamen de nos positions, tente de s’édifier