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II

SUITE ET FIN DE L’ACTION FRANÇAISE

Les quelques biographies qu’on a pu lire, dans le précédent volume, et cette autre sur Henri Bourassa, aideront à mieux juger, ce me semble, l’équipe mise au travail par l’Action française. Équipe de jeunes, équipe d’aînés. L’une et l’autre allaient projeter sur les problèmes nationaux, non pas peut-être une lumière décisive, mais il n’y a pas d’immodestie, pensera-t-on, à parler de lumière appréciable. L’on a si amèrement critiqué le négativisme des gens de ma génération, son impuissance à véritablement aborder et comprendre les problèmes de vie de notre peuple. Avait-on raison ? Ces problèmes, qu’on me permette de les passer en revue et de faire voir l’intérêt qu’y prit l’Action française.

Le problème intellectuel

Au sommet de tous, je crois pouvoir l’affirmer, nous placions le problème intellectuel. Ordre non d’importance, mais ordre logique. Je prends note, en tout cas, que mon premier article donné à L’Action française, et paru en sa deuxième livraison (I : 33-43), porte le titre de « Une action intellectuelle ». Il ne serait pas difficile de glaner, à travers les vingt volumes de la revue, maints textes qui viendraient affirmer le vieil axiome : avant d’agir, apprendre à bien penser. La vision, la rectitude de l’esprit est au principe de tout. Ainsi s’expliqueraient, en notre mouvement, la recherche avide de ce bien supérieur qu’est la santé intellectuelle, et par suite, l’opposition non moins impérieuse et constante aux