toute vibrante de ce qui se passe dans le secteur franco-ontarien. Il a le talent rare de dramatiser les événements. Il sait voir, discerner l’héroïsme des petits ; il a le sens de la grandeur. Nous l’écoutons avidement. Et quel esprit curieux, ouvert, que le sien ! Et quelle mémoire phénoménale ! Omer Héroux, c’est le journaliste capable de brosser, à cinq minutes d’avis, la biographie de n’importe quel personnage notoire de la politique, en Angleterre, en France, aux États-Unis, au Canada. C’est aussi l’homme le mieux renseigné sur la vie de nos minorités françaises : ce qui nous le rend infiniment précieux. Sur le camarade Héroux, je ne risquerais qu’une réserve. Journaliste jusqu’à la pointe des ongles, habitué à tasser ses idées, à les faire tenir dans une colonne du journal, il en est devenu presque incapable d’écrire un article de revue. Il a collaboré à quelques-unes des grandes enquêtes de L’Action française. On remarquera qu’en aucune il n’a su se rendre justice. Ses articles de revue sont trop rapides, étriqués. Au milieu de nous, il compense cette faiblesse par sa sûreté de jugement. D’un mot il calme nos emballements, nous ramène au sens des réalités. Henri Bourassa estimait précisément Héroux pour cette éminente qualité. Longtemps Bourassa ne voudra, pour les comptes rendus de ses discours ou conférences, presque toujours improvisés, nul autre reporter qu’Omer Héroux. Le judicieux Héroux, l’orateur le sait et en est bien aise, traitera, comme il convient, ses intempérances ou saillies verbales trop osées. J’ai entendu Bourassa dire un jour :
— Quand j’ai quelque doute sur un article ou un passage d’article au Devoir, je vais le lire à Héroux. Si j’observe, en son visage, un simple et significatif mouvement de paupières, je sais à quoi m’en tenir… J’ai grande confiance au jugement d’Héroux.
Joseph Gauvreau
Après Omer Héroux, voici bien le personnage le plus pittoresque de l’Action française, le Dr Joseph Gauvreau. Superbe type de Canadien français. Un homme de foi, un croyant de la tête aux pieds, un patriote en bois franc, qui aime les siens, sa langue, sa culture, d’un amour qu’on pourrait dire chevaleresque.