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acheté une médaille, parce qu’elle présente d’un côté le Marquis d’Anglesea et, de l’autre, sir Thomas Picton, et parce que donc, ajoute-t-il, « je voudrais avoir les portrais de tous les grands hommes ». Quelques jours plus tard, le 18 février 1831, il écrit encore à son père : « Je suis bien aise de vous dire que je lis de vos discours sur la Minerve, vous aviez bien raison de dire que cela me ferait plaisir… puis n’ayez pas d’inquiétude, Amédée et moi nous aimons notre pays on se battra quand il faudra. » Avec son frère Amédée, il ira faire ses études au Séminaire de Saint-Hyacinthe. La tourmente de 1837 jette le père aux États-Unis et désorganise sa famille. Lactance n’a que dix-sept ans lors de la première année d’exil à Paris. À peine arrivé en France, en 1839, L.-J. Papineau songe, en effet, à faire venir Lactance. Il voudrait quelqu’un, comme il dit, qui pourrait « copier ses barbouillages ». Le jeune garçon, alors aux États-Unis avec les siens, aurait aussi la chance, prétend son père, de « voir une autre civilisation que celle de l’Amérique », sans les désavantages ni les dangers que pourrait offrir un voyage d’isolé. Lactance s’embarque, le premier, pour la France, bientôt suivi de sa mère, de son jeune frère Gustave et de ses jeunes sœurs. À Paris, il entreprend de faire des études de médecine à la Faculté. Passionné pour son art, il déploie à son travail une extraordinaire ardeur. Il fait régulièrement de la dissection, fréquente avec assiduité les hôpitaux ; quelques-uns de ses professeurs l’admettent à les accompagner dans leur pratique privée. Entre-temps, l’étudiant traduit pour eux des ouvrages de médecine de langue anglaise. Papineau qui, naguère, à Saint-Hyacinthe, réprimandait le collégien peu appliqué, adonné au jeu plus qu’à l’étude, écrit maintenant : « Le cher enfant ne se donne nulle relâche, nulle dissipation… » — « Lactance travaille avec une ardeur toujours croissante. » En 1841, Papineau se dit même prêt à prolonger son exil en France de deux autres années pour permettre à son fils d’acquérir pleine compétence. « Après trois ans d’étude seulement, écrit-il au fils Amédée, je craindrais que