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II

« NOTRE DOCTRINE »

J’avais pris la direction de L’Action française en octobre 1920. Dès la livraison de janvier 1921 paraissait mon article : « Notre doctrine ». Aujourd’hui j’écrirais sans doute ces pages avec plus de précision, une optique élargie. À cette « doctrine », j’ajouterais quelques éléments. Si je me reporte à l’année où cet article fut écrit, je ne crois pas, en bonne conscience, qu’il manquât tellement d’à-propos ni d’originalité. S’il est vrai que toute pensée neuve ou qui se prétend directrice provient, on l’a dit, de « l’intersection d’une expérience personnelle et d’une rencontre avec un milieu neuf » (Jean Guitton), je n’avais, pour me rencontrer avec cette pensée, qu’à me souvenir de mon entrée dans la vie, à la sortie du collège. Combien mon patriotisme, ou si l’on préfère, mon nationalisme, que je sentais vif, ardent, presque aigri, me paraissait néanmoins instinctif, presque inconscient, dépourvu d’assises solides, autant dire doctrinales ! Et je n’avais eu besoin que de mes rencontres avec la jeune génération et avec mes aînés pour apprendre jusqu’à quel point l’on souffrait du même vide que moi-même.

Après quelques considérations sur ce qui constitue la virilité ou la personnalité de l’homme et des peuples, j’indiquais aux petites nations, aux jeunes peuples encore à demi conscients et toujours en tutelle, la tâche immédiate et nécessaire :

L’effort que leur destinée leur commande, c’est de se dégager de la sujétion étrangère et de l’inconsistance de leurs propres pensées ; c’est de s’élever jusqu’à la personnalité nationale,