Page:Groulx - Mes mémoires tome II, 1971.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
mes mémoires

Les grands problèmes à L’Action française

J’en arrive enfin aux œuvres majeures de L’Action française. Revue de doctrine, elle se devait à elle-même d’aller à l’essentiel, c’est-à-dire aux problèmes de fond de la nationalité. La « petite guerre » ni autres thèmes ne l’ont jamais détournée de ses grandes tâches. On verra au volume XVI (349-365), dans quel ordre la revue s’attaqua à ces problèmes capitaux. Elle se devait de les aborder en toute indépendance et vigueur d’esprit et d’y projeter tout l’éclairage possible. À cette fin, elle s’assura la collaboration des plus hautes compétences. Il paraîtra donc naturel qu’avant d’aller plus loin, je présente au moins quelques-uns de nos plus actifs et remarquables collaborateurs.

Nos collaborateurs

Mouvement d’idées, l’Action française ne pouvait se dispenser, dans le personnel de sa direction comme en celui de sa rédaction, d’une certaine homogénéité d’esprit. On n’implante pas une doctrine par la diffusion de l’incohérence. Toutefois, notre groupe ne conçut jamais comme un idéal la chapelle fermée. Que l’on se donne la peine de parcourir ses vingt volumes, on accordera, je pense, que dans le choix de ses collaborateurs, la revue fit preuve d’un loyal éclectisme et même d’un large libéralisme. Il y a là des signatures d’hommes qui étaient loin d’accepter en entier notre programme ou notre credo. Il suffisait qu’à la compétence ces hommes joignissent un fond de pensée nationale, pour qu’on les invitât à collaborer. Peu de revues peut-être ont pu aligner pareille liste de collaborateurs. Tout ce qui savait tenir une plume, puis-je dire, et portait au cerveau une pensée utile ou généreuse, s’est vu ouvrir les pages de la revue. Une liste, même raccourcie, de ces collaborateurs, révèle, à sa face, une généreuse variété d’esprits : Montpetit, Asselin, Bourassa, Jean Désy, Beaudry Leman, Émile Miller, Louis-D. Durand, Marie-Claire Dave-