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ne national exploité sans nous et contre nous. Et l’auteur de conclure :

On le voit : il reste encore trop de besogne pour se reposer… Mais jurons-nous d’aller jusqu’au bout de nos énergies pour devenir entièrement maîtres dans notre maison. Que ce soit l’une de nos résolutions du Jour de l’an.

Les mots d’ordre de L’Action française ont fréquemment les honneurs de la grande presse. On les cite, on les reproduit, on les commente. En septembre 1925, à la veille des élections fédérales, la revue avait donné cette consigne : « N’élisons que des nôtres » :

Prêter aux pauvres, disait-elle, cela s’appelle proprement de la charité… mais être pauvre et prêter aux grands riches, sans espoir de retour, pour le simple plaisir de vanter sa générosité, ou de se faire brimer par le riche, cela s’appelle, en bonne langue française, de la bêtise. Être une minorité dans le parlement de son pays, invoquer volontiers sa faiblesse numérique pour s’excuser de ne pas résister au fanatisme, puis sacrifier pourtant des collèges électoraux à des adversaires ou à des indifférents, et célébrer ensuite sa libéralité, cela s’appelle doubler la bêtise de la trahison.

… Dans le prochain parlement fédéral le nombre total des députés passera de 235 à 245 : ce qui veut dire une nouvelle diminution proportionnelle de la représentation du Québec. Nous n’avons donc plus un homme à sacrifier. N’écoutons plus les sophismes des politiciens. Un peuple se doit d’être juste envers soi-même avant d’être charitable envers les autres. Que les électeurs canadiens-français n’élisent que des députés canadiens-français…

À ce mot d’ordre, Le Droit consacre deux fois son premier-Ottawa. Deux fois également, L’Action catholique (Québec) y va de son commentaire. L’Évangéline de Moncton fait de même.

Parmi les plus modestes rubriques de la revue, je ne veux pas oublier sa chronique mensuelle : « La vie de l’Action française », chronique de l’activité de la Ligue. Jusqu’en 1920, M. Héroux