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VIII

LA REVUE : L’ACTION FRANÇAISE

L’Action française est avant tout un mouvement de pensée. Ou, si l’on préfère, un mouvement d’action, mais qui prétendait bien s’appuyer solidement sur une doctrine. Ainsi apparaissent le rôle et l’importance de sa revue. Elle a été, peut-on dire, à l’origine du mouvement, comme si, avant de se jeter dans la mêlée des hommes et des idées, l’on eût senti l’instinctif besoin de forger l’instrument qui fournirait les lumières, tactiques et munitions. L’Action française, je veux dire la revue, restera toujours l’œuvre principale de la Ligue. Le Père Charles Charlebois, o.m.i., fondateur du Droit d’Ottawa, avait coutume de dire de son journal : « C’est l’œuvre qui “accote” toutes les autres. » La revue L’Action française accotera tout le mouvement en ses diverses manifestations ou entreprises. Il faut dire mieux : elle sera la locomotive qui traînera tous les wagons, l’énergie électrique qui fournira à tout l’organisme, lumière, chaleur, élan. Les pages précédentes l’ont assez dit : c’est pour assurer la vie, le progrès de la revue que les services auxiliaires seront fondés, en particulier la Librairie. Portée par ces services, c’est elle qui, à son tour, les portera par sa publicité, son prestige.

Que trouvait donc le lecteur, en ce petit périodique, à couverture d’un rouge pâle, centrée par un médaillon de Dollard et par la devise : « Jusqu’au bout ! », périodique d’un format de poche, qui peut être lu facilement comme un Digest, dans le train ou dans le tramway ? Par quelle méthode, quelle espèce ou quelles formes d’écrits, la revue L’Action française a-t-elle mené sa cam-