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débat parlementaire. L’Appel de la Race est par trop « l’apologie du discours, seule forme d’action que nous ayons su pratiquer jusqu’ici ». Sur la forme ou le style du roman, Asselin fait cette réponse aux critiques :

L’incorrection trop fréquente de la langue… laisse intacte la beauté d’un grand nombre de pages, pleinement satisfaisantes pour le cœur et l’esprit, dignes de figurer dans une anthologie de la prose française.

Le romancier, ai-je besoin de l’avouer ? n’en demandait pas tant. Pas plus, du reste, que l’historien en l’étude que le conférencier allait ensuite entreprendre de son œuvre. Ici encore, Asselin débute par la part de la critique : critique généreuse, débonnaire que la sienne. Ce qu’il entend surtout démontrer, c’est en quoi cette œuvre « diffère de celle de nos autres historiens et par où elle leur est supérieure ». Le premier de nos historiens, l’abbé Groulx, aurait démontré « l’absurdité de la thèse historique » qui a fait de 1760, pour le Canada français, « un événement providentiel au sens de bienfaisant ». « L’histoire du professeur de Montréal s’étaie sur une documentation abondante, et à notre sens, inattaquable. » En ses observations sur ce point, M. Gustave Lanctot aurait exagéré « trop malin pour y attacher [à sa critique] une valeur quelconque ». Suit alors un parallèle entre Chapais historien et l’abbé Groulx historien. Chemin faisant Asselin n’attache pas beaucoup d’importance aux Rapaillages :

Il y a de très belles pages dans le recueil, ne fût-ce que Le Dernier voyage, d’une observation tout à fait juste et d’une émotion poignante. Je ne crois pas que la louange doive aller plus loin.

Pour le conférencier, « sa plus belle littérature régionaliste, l’abbé Groulx l’a produite au fil de la plume, tout naturellement, quand son travail d’historien le mettait en contact avec le tréfonds de l’âme nationale ». Pour le conférencier encore, « avec la clairvoyance, la qualité maîtresse de l’œuvre historique de