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Je n’entretenais pourtant nulle malveillance à l’égard des maîtres de ma jeunesse. Heureuses années, en somme, que celles de mon temps de collège ! Je n’en ai gardé que d’excellents souvenirs. Mes camarades m’y avaient comblé de leur amitié et de leur confiance. Tous les postes, tous les hochets de la gloire collégiale, on me les avait prodigués. Chez les grands comme chez les petits, on m’avait élu capitaine de la milice, corps de cadets qui, chaque printemps, faisait les exercices militaires, était de toutes les fêtes collégiales et où le capitaine portait gravement l’épée. Chez les « petits » comme chez les « grands », on m’avait encore élu préfet de la Congrégation de la Sainte-Vierge. Finissant, j’étais devenu président de l’Académie et vice-président de la Société Ducharme. J’ai noué à Sainte-Thérèse quelques-unes des amitiés qui ont embaumé ma jeunesse : celle d’Alfred Langlois, futur évêque de Valleyfield, qui me précède d’un an ; parmi les aînés, celle d’Arthur Papineau, futur évêque de Joliette, après avoir été fondateur du Collège Saint-Jean-sur-Richelieu. Dans ma propre classe, je cueille des amitiés non moins précieuses : celle de Gédéon Rochon, futur avocat et député de Terrebonne, mort prématurément, esprit critique, caustique, dont l’impitoyable raillerie m’apprit à surveiller mes opinions. Mais je cite surtout avec émotion l’amitié de trois de mes confrères de classe : celle d’Alfred Émery, futur curé dans la péninsule d’Essex, en Ontario, principal « résistant » au Règlement XVII et à l’évêque Fallon en son milieu ; l’amitié d’Onésime Boyer, Franco-Américain, futur curé d’Ellenburg, É.-U., et propagandiste de la cause de la petite stigmatisée Rose Ferron ; l’amitié, en troisième lieu, de