Il consent. J’avais constaté, en effet, que le Français, même cultivé, ne s’intéresse guère au fait canadien-français, si on ne le lui sert que par bribes ou fragments au cours de brèves conversations, mais qu’il en va autrement si on peut lui passer, comme je disais familièrement, tout le paquet. Et par là, j’entendais l’exposé, avec une certaine ampleur, de notre histoire, de notre situation présente dans l’Empire anglais, dans un Canada officiellement bilingue, dans une province plus grande et aussi riche que la France, dont numériquement au moins nous sommes les maîtres. Et voilà donc que ce 22 février 1922, j’apporte aux Publicistes ce qui est devenu La France d’outre-mer et que j’ai publié dans le deuxième tome de Notre maître, le passé. On m’a accordé trente-cinq minutes. Je parle pendant près d’une heure. Au début, on achève de boire son café et l’on fait un peu de bruit. Je n’ai point parlé cinq minutes que l’auditoire est devenu attentif, m’écoute religieusement. L’effet dépasse et bien au-delà ce que nos amis du Comité auraient pu attendre. L’Action française (VII : 151-152, 185-186), sous le titre « Notre directeur à Paris » et « Chez les Publicistes chrétiens », publie quelques extraits de journaux de la capitale française sur la réunion. La Libre Parole ne craint pas de citer largement les passages les plus chatouilleux de la conférence et conclut : « Que de vérité utile dans tout cela et qui serait singulièrement féconde si les Français voulaient y réfléchir avec sérieux. » Dans le même journal (17 août 1922), François Veuillot veut bien dire à propos de la brochure La France d’outre-mer :
J’ai lu bien des articles et bien des ouvrages sur les origines et les développements du Canada français, sur le caractère et les idées de nos parents d’Amérique. Je ne me souviens pas d’en avoir trouvés qui, sous un plus petit volume, enferment plus de substance et de vie.
Dans le même volume de L’Action française (231-232), l’abbé Chaussé donne son rapport de la soirée. Le président de la Ligue d’Action française de France, Bernard de Vesins, occupe à table le siège en face de moi. Il réclame sur-le-champ mon texte pour publication en brochure. Publication qui est chose faite quelques jours plus tard. La France d’outre-mer connut un tirage d’au moins 10,000 exemplaires. Mes amis du Comité s’en feront un