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ter un Garneau, un Ferland, un Faillon, peut-être un Benjamin Sulte, et qu’avec ces vénérables maîtres, je pourrai me tirer d’affaire et contenter, de reste, mon public. Mais cessons d’épiloguer. L’heure pressait. Une seule chose importait : me mettre à l’œuvre sans retard, c’est-à-dire à la préparation de mon premier cours. Six semaines au plus m’en séparaient. Dès le 25 septembre 1915, M. Omer Héroux annonce, dans Le Devoir, l’institution du nouvel enseignement. Et ici, je ne saurais trop exprimer ma gratitude à ce cher M. Héroux. Pendant toute ma carrière de professeur d’histoire, il se fera mon publiciste bénévole, spontané, gratuit. Sachant ma répugnance à solliciter de la publicité, il me préviendra. À l’aide de je ne sais quel agenda, il se tiendra, chaque année, au courant de la date de mes cours. Quelques jours avant chacun, invariablement, un téléphone me parvient : « Vous parlez tel jour ; quel sujet, s’il vous plaît ? Puis-je compter sur quelques notes ? »

Donc, le 25 septembre, sous les titre et sous-titre : « Nos luttes constitutionnelles, l’histoire du Canada à Laval », M. Héroux inaugure sa généreuse publicité :

Une excellente nouvelle ! L’Université Laval fera donner, au cours de l’automne et de l’hiver, cinq grandes conférences publiques sur l’histoire du Canada. On a choisi pour thème des conférences les grandes luttes constitutionnelles du régime britannique, et c’est M. l’abbé Groulx qui sera chargé du nouveau cours.

Suivent une présentation du professeur et un bref exposé du sujet de chacune de ces conférences ; à quoi s’ajoutent ces quelques paragraphes :

Ces thèmes devraient réunir autour de l’orateur un auditoire aussi attentif que nombreux. Pour nombre de raisons qu’il serait inutile de rappeler ici, l’histoire du Canada — et particulièrement l’histoire du régime britannique — est un sujet relativement peu familier à nombre d’hommes instruits par ailleurs. Le fait est que l’histoire du régime britannique est encore à faire dans une large mesure. M. l’abbé Groulx nous rendra le service de présenter, dans leur ensemble, avec leurs tenants et aboutissants — avec le calme et la netteté que permet la distance — les principales questions autour desquelles livrèrent tant de combats les initiateurs de notre vie parlementaire.