mon attitude. L’abbé Albert Dandurand, un de mes anciens dirigés, se préparait à son ordination sacerdotale. Il chanterait sa première grand-messe à la Cathédrale de Valleyfield. Il m’invita à donner le sermon de circonstance. Je lui fis observer l’embarras où me mettrait un si prompt retour à Valleyfield. Les instances du jeune abbé me contraignirent à remettre toute l’affaire entre les mains de mon bon ami, le chanoine Simon, alors curé de la Cathédrale. « Monseigneur, me dit le Chanoine, n’a pas coutume de faire la moindre difficulté en ces sortes de circonstances. Il en passe par les désirs du jeune ordinand. Pour plus de sécurité, j’en conférerai avec l’Évêque et je vous écrirai. » Quelques jours plus tard, je recevais la réponse de M. Simon :
« Monseigneur se réserve le privilège d’inviter lui-même le prédicateur de la circonstance. »
Je ne fus pas le prédicateur invité. Et je sus à quoi m’en tenir de façon claire et décisive sur la chaleureuse, mais suspecte invitation à « venir souvent nous voir, sachant très bien tout le plaisir que nous fera chaque nouvelle visite ». D’autre part, cette rebuffade me libérait de mes scrupules, je pourrais ne plus reparaître à Valleyfield, sans avoir l’air ni d’un boudeur ni d’un rancunier.
Ainsi se termina toute une étape de ma vie où j’avais conscience pourtant de n’avoir ménagé ni mon dévouement, ni ma santé. Je quittais une œuvre — je l’ai dit et je le répète — que j’avais passionnément aimée. Je la quittais sans amertume, mais non sans un peu de mélancolie, je dirais même, le cœur déchiré. C’était plus qu’une césure dans mon existence : c’était une brisure. Il me semblait que j’assistais à la fin de ma jeunesse. Le Père Rodrigue Villeneuve, à qui j’avais fait rencontrer quelques-uns de mes jeunes gens, m’écrivait ces lignes pour me consoler :
Tout d’abord quel plaisir vous m’avez fait savourer que de me mettre en contact avec ces âmes si droites et généreuses. De vraies âmes neuves, mais durables, que celles qui m’ont ac-