RETOUR À MONTRÉAL
Quelques jours plus tard, après de rapides étapes, nous rentrons à Montréal. Je reviens enchanté de ce voyage. Je n’en rapporte pas moins des impressions mêlées. Là-bas, maintes personnes nous ont demandé : « Vous allez écrire quelque chose sur l’Acadie ? » Ni le Père ni son compagnon ne se sont beaucoup engagés. Au vrai, qu’aurions-nous pu écrire qui, en ce temps-là, ne déplût ou n’attristât nos amis d’Acadie ? Un douloureux problème nous paraissait se poser en toutes les régions : problème à la fois économique et démographique. L’Acadie ne savait plus garder sa population. Les mères acadiennes continuaient leur merveilleuse tradition de maternité. Elles produisaient des hommes pour les États-Unis. À ce propos, dirai-je que ce n’est nullement au cours de ce voyage, que je conçus mon petit roman : Au Cap Blomidon, roman de la reprise de la terre acadienne. L’idée en a pu germer inconsciemment en moi devant le spectacle de l’émigration des fils d’Acadie, douloureuse désertion de la terre si péniblement reconquise. Déportation par soi-même. L’idée de ce roman ne prit corps que plusieurs années après, à Saint-Donat où je passais alors les mois d’été. Du reste, le répéterai-je, Au Cap Blomidon, comme L’Appel de la Race et comme Les Rapaillages, n’ont prétendu satisfaire qu’un besoin d’évasion. Je n’y ai jamais vu qu’un amusement ou un passe-temps de vacances.