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mes mémoires

prendra six mois, peut-être un an. Pas plus d’un an. En attendant, je vous envoie au presbytère de Saint-Jean-Baptiste. Je ne vous y nomme pas vicaire. Je veux aller vous y chercher dès que j’aurai besoin de vous. D’ici là, vous êtes fatigué. Reposez-vous. Et si vous vous en sentez la force, acceptez de la prédication, des retraites…

Une question d’importance me vient à l’esprit :

— Monseigneur, que demanderai-je à Mgr Émard ? Un congé de cinq ans, dix ans ou un exeat ?

— Demandez donc un exeat.

Un exeat, j’ai de bonnes raisons de le savoir, n’est pas la chose du monde la plus facile à obtenir de Mgr Émard. Le souvenir me revient d’anciens camarades partis pour les États-Unis ou ailleurs et qui ont dû — pour quelles raisons ? — attendre longtemps le document libérateur. Je fais part à Mgr Bruchési de mon inquiétude :

— Voulez-vous que je m’en charge moi-même ?

— Oh ! Monseigneur, s’il vous plaisait de me rendre ce service, je vous en serais infiniment reconnaissant.

Et comme je viens de lui annoncer qu’on m’offre un beau voyage en Acadie et que je compte y employer le mois d’août :

— Partez, faites votre voyage en paix. À votre retour, j’aurai votre exeat.

■ ■ ■

Ainsi, dès 1915, l’Archevêque songeait, et pour très prochainement, à une réorganisation de l’Université de Montréal. Quel était au juste son projet ? Lui seul aurait pu le dire, l’a peut-être consigné quelque part. Point d’histoire qu’il serait intéressant d’élucider. Songeait-il à un enseignement de l’histoire du Canada ? Il se peut. Je me souviens d’un bout de conversation que j’avais eu avec lui, en 1913, au moment où, à propos de cet enseignement de l’histoire canadienne, j’échangeais quelques lettres avec M.