la loi scolaire de 1858, loi libérale, pour lui substituer une loi d’écoles communes ou publiques, c’est-à-dire non confessionnelles. On se rappelle encore les manifestations d’hostilité qui, ici-même, au Manitoba, se donnaient libre jeu contre la population indigène, les extraordinaires concessions consenties par Ottawa à ces agitateurs, la nonchalance, pour ne pas dire la coupable négligence de nos représentants catholiques et canadiens-français dans le cabinet fédéral, lors du choix du personnel politique et administratif de la première province des prairies. Sur quatre-vingts nominations de fonctionnaires faites à Ottawa, cinq de race métisse, douze seulement de nom français ; dans la « police montée », un seul officier canadien-français, et encore au dernier rang. Sans Riel, sans le gouvernement provisoire, sans la « liste des droits », aurait-on érigé, dans l’Ouest, en 1870, une province du Manitoba ? Une lettre de l’honorable Joseph Howe au grand-vicaire Thibault, en date du 4 décembre 1869, laisse fort perplexe sur les intentions d’Ottawa. Dans sa brochure sur l’Amnistie, Mgr Taché, témoin bien informé, s’est expliqué sans équivoque :
Riel aura raison de dire plus tard, à la veille de l’échafaud : « Je sais que je suis le fondateur du Manitoba ».
Riel n’est pas seulement un héros manitobain, c’est un héros national. Au souvenir des événements que je viens de raconter, j’écrivais, il y a déjà onze ans, ces lignes que je signerais encore :