Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
L’APPEL DE LA RACE

fine, débrouillée, élevée, au sommet d’un grand caractère. Bref, un homme qui inspire la sécurité et comme nous avions perdu l’habitude d’en voir.

Alors, courant droit à la question du Père Fabien qu’il voyait venir, il ajouta :

— Le sénateur m’a fait une proposition plutôt grave. Une élection partielle sera tenue prochainement dans le comté de Russell ; il veut que je pose ma candidature. Le prochain acte de la question scolaire pourrait fort bien, paraît-il, se jouer au parlement fédéral. Le sénateur m’a fait l’honneur de me demander mes services.

— Et vous avez accepté ? interrogea le Père.

— Pas encore, dit Lantagnac, du même ton toujours calme ; c’est peut-être pusillanimité de ma part. Mais j’ai peur des conséquences d’un tel acte, peur du retentissement qu’il peut avoir à mon foyer. Vous me comprenez, je pense ?

— Lantagnac, reprit le Père quelque peu solennel, nous ne vous demandons qu’une chose : l’accomplissement de votre devoir. Mettez d’accord avec vos convictions récentes, votre conduite, comme vous y presse, plus que ma parole, je le sais, votre loyauté de gentilhomme.

Puis l’homme d’action qui n’abdiquait jamais chez l’oblat, qu’une volonté impatiente, impérieuse poussait toujours vers les réalisations immédiates, entreprit de tracer à l’avocat, un programme de vie publique. Pour l’oblat, l’accep-