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L’APPEL DE LA RACE

Mais déjà, devant lui, se dressait la résidence en pierre grise des Oblats. Par bonheur le Père Fabien se trouvait chez lui. Il dit même à son visiteur :

— Je vous attendais.

Le religieux disait vrai. La veille, au moment de rendre publique sa démission, le sénateur était passé chez le Père :

— Nous avons besoin d’hommes, avait-il dit en appuyant fortement. Il nous faut Lantagnac. Si vous avez quelque influence sur lui, Père Fabien, c’est le temps d’en user. Moi, je l’ai vu ; j’ai fait ce que j’ai pu ; il hésite.

— Je l’attends ces jours-ci, avait répondu le Père ; il y a même plutôt longtemps qu’il n’est venu. S’il a quelque grave décision à prendre, il viendra.

Quand donc ils furent assis l’un en face de l’autre, que le Père eut taquiné quelque peu l’avocat devenu avare de visites, que Lantagnac se fut défendu sur ses occupations plus nombreuses, sur la guigne qui lui était tombée dessus, invariablement, chaque fois qu’il avait projeté une course à Hull :

— Eh bien, dit le Père, vous avez lu la grande nouvelle et c’est elle qui vous amène ?

— C’est, comme vous dites parfois, répondit Lantagnac : l’occasion, non pas la cause.

— N’est-ce pas que le geste de Landry est beau ? Disons mieux : est superbe ? reprit le