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L’APPEL DE LA RACE

et envahit tout le champ de sa conscience. Maintenant qu’il pouvait peser, à côté des pertes certaines et affreuses, les gains seulement probables de son effort, cela valait-il la peine de tant risquer ? À quoi bon vraiment ? De ses contacts plus intimes avec ses enfants n’avait-il pas recueilli d’aussi troublantes révélations ?

— Quelle était donc, s’était-il demandé souvent, l’étrangeté de ces cerveaux d’adolescents ?

Lantagnac n’avait suivi que d’assez loin l’éducation de ses fils et de ses filles. Chez eux il connaissait assez bien le fond, les qualités du tempérament ; peu ou point la forme de l’esprit. Leurs succès l’ayant toujours rassuré sur leur dose très suffisante d’intelligence, il s’était abstenu de pousser plus loin son enquête. Et maintenant voici qu’il découvrait chez deux surtout de ses élèves, il ne savait trop quelle imprécision maladive, quel désordre de la pensée, quelle incohérence de la personnalité intellectuelle : une sorte d’impuissance à suivre jusqu’au bout un raisonnement droit, à concentrer des impressions diverses, des idées légèrement complexes autour d’un point central. Il y avait en eux comme deux âmes, deux esprits en lutte et qui dominaient tour à tour. Le plus étrange c’est que ce dualisme mental se manifestait surtout en William et en Nellie, les deux en qui s’affichait dominant le type bien caractérisé de la race saxonne. Tandis que Wolfred et Virginia accusaient presque exclusivement des traits de race française : les traits fins